Les Fenêtres de l’Âme
mardi 7 février 2012
Broder les yeux d’une poupée est un travail délicat, c’est le moment le plus critique de toute la réalisation, et souvent irréversible. J’ai du faire une opération esthétique à ma première poupée Woldorf Maya, pour changer la couleur de ses yeux. Je suis allée enore plus loin que les chirurgiens : je les ai carrément déplacés. Maya est devenue un peu plus jolie, mais on ne peut plus la regarder de près désormais, ça a laissé des traces, plus laides que les rides.
Ma cinquième dernière-née est réalisée dans un jersey «blanc vanille». Au moment de lui faire les yeux, je décide qu’elle sera quand même brune, mais pas blonde. Je ne sais pas pourquoi, je pense à une lointaine princesse chinoise d’ancienne époque. La plus part des Chinois n’ont pas les cheveux noirs comme la laine à tricoter de cette couleur, leurs yeux ne le sont pas non plus. Le noir pur et profond se trouve chez les Africains et certains peuples du proche et moyen orient.
Les yeux apparaissent, la poupée me fixe de regard maintenant avec une étincelle de lueur d’ironie. Je prends le fil à broder rouge vif. A l’instant même que le deuxième point est piqué pour terminer la bouche, je suis étonnée par l’expression de son visage : ce sourire au coin des lèvres a un air triomphant ! N’est-ce pas ? Elle a failli d’être finie à la poubelle.
Comment faire les cheveux ? Comment sera-t-elle coiffée ? Je fronce les sourcilles. Curieux, la poupée sur mes genoux ne sourit plus, son regard s'assombrit, elle devient soucieuse. C’est là la magie de cette poupée, je viens de la constater personnellement.